Publié en 1935, disponible aux éditions Le Livre de Poche
Reine d’Écosse à l’âge de six jours, en 1542, puis reine de France à dix-sept ans par son mariage avec François II, Marie Stuart est veuve en 1560. Elle rentre alors en Écosse et épouse lord Darnley, avant de devenir la maîtresse du comte Bothwell. Lorsque ce dernier assassine Darnley, Marie doit se réfugier auprès de sa rivale, Élisabeth Ière, reine d’Angleterre. Celle-ci la retiendra vingt ans captive, avant de la faire condamner à mort. Son courage devant le supplice impressionnera les témoins, au point de métamorphoser celle que l’on disait une criminelle en une martyre de la foi catholique… (résumé éditeur)
« Quand la vie d’un grand personnage se déroule comme un poème, comme une ballade, comme un drame, il ne manque jamais de poètes pour la recréer sous des formes toujours nouvelles. »
Euh… oui, encore un Zweig, encore une biographie, sorry I’m not sorry !
J’essaie d’insérer un peu d’humour dans cet article pour ne pas finir en dépression nerveuse et vous éviter la même chose lorsque j’aurai terminé de raconter l’histoire tragique de Marie Stuart. Sa vie débute pourtant dans de bonnes conditions, bien que l’Écosse soit dans une situation difficile, elle est promise au Dauphin et donc au trône français.
Marie Stuart quitte l’Écosse à l’âge de 6 ans et épate la cour française par ses aptitudes pour les activités artistiques et son art de la conversation. Elle se sent parfaitement à son aise dans ce pays riche et tourné vers les arts. Malheureusement ce séjour en France prend fin brutalement à la mort de son époux, et elle retourne en Écosse où elle découvre un pays pauvre, sans cesse ravagé par les conflits entre les Lords et orienté vers le protestantisme alors qu’elle même est catholique.
C’est alors que Marie Stuart fait les frais de sa passion amoureuse, épousant un homme, Darnley, qui révélera être un lâche et fera assassiner l’ami très cher de sa femme, Rizzio, par pure jalousie. À partir de cet instant, elle perd le peu de considération qu’elle pouvait encore accorder à son mari, et se réfugie dans les bras du comte de Bothwell, un homme puissant mais cruel, qui la mènera à participer au meurtre de Darnley.
Malgré le manque de réelles preuves, le peuple est bien conscient que sa Reine n’est pas étrangère à l’assassinat du Roi, surtout lorsque celle-ci épouse le principal suspect alors même que sa période de deuil n’a pas été entièrement consommée. Humiliée et calomniée, Marie Stuart doit quitter son pays et choisit de se réfugier en Angleterre où Élisabeth détruit lentement tout espoir de réconciliation entre Marie et son peuple. Hésitante à l’idée de condamner une Reine, son égale, devant un tribunal, Élisabeth n’arrive pas à prendre une décision claire au sujet de Marie qu’elle considère (à raison) comme une menace. Elle l’enferme donc des années durant avant qu’un nouveau complot entraîne sa perte. La reine d’Angleterre peut ensuite achever la vie de son ennemie qu’elle appelait « ma sœur » tout au long de sa vie.
Je ne vous écris ici qu’un très bref résumé de la vie de Marie Stuart, si je devais retranscrire tous les événements marquants de celle-ci, il me faudrait réécrire toute l’oeuvre de Stefan Zweig. J’ai pu constater ici, d’une manière encore plus marquante que dans Magellan ou dans Marie-Antoinette, la fascination qu’exerçait la passion sur l’auteur.
Ce ne sont pas seulement les conditions difficiles durant lesquelles a régné Marie Stuart qui l’ont menée à sa perte, mais bel et bien ses passions amoureuses qui l’éloignaient de toute raison et de tout cheminement logique. Mais le meilleur aspect de ce livre est la capacité de Stefan Zweig à nous transmettre sa fascination à travers son écrit, à mes yeux il n’essaie pas d’expliquer totalement la passion mais plutôt de la pardonner, tout comme il a pu le faire dans Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. La vie de Marie Stuart est plus incroyable qu’un roman ou qu’une poésie, et ce n’est pas sans raison que Zweig la compare aux événements qui prennent place dans la tragédie shakespearienne Macbeth. On constate, étonnés, le nombre infini d’erreurs qu’a pu commettre cette femme emportée par des sentiments plus forts que toute raison, et j’ai parfois eu du mal à y croire, mais pourtant, c’est bel et bien l’Histoire qui est encore une fois une bien meilleure romancière que nous ne pourrions l’être.
J’ai à nouveau eu un coup de cœur pour cette oeuvre, Stefan Zweig ne cesse de me passionner en m’entraînant dans ces intrigues historiques enrichies par son analyse psychologique et sa capacité à comprendre et à transmettre les sentiments de grands personnages à travers tout ces événements.
Un film a été tiré de ce roman, Mary Queen of Scots. J’étais vraiment ravie de découvrir ça mais j’ai un peu déchanté en le regardant. Les critiques ont l’air d’avoir apprécié la prestation de l’actrice principale mais je n’ai pas été convaincue du tout…
J’ai trouvé que globalement, ce film ne rendait pas hommage à cette histoire par sa réalisation ou par ses acteurs. Je l’ai aussi regardé pour pouvoir vous le conseiller si vous ne souhaitez pas lire le livre mais que vous êtes quand même intéressés par la vie tumultueuse de cette Reine, et là encore je ne sais pas si je peux le faire. Je crois que certains passages du films ne sont pas suffisamment clairs pour les personnes qui ne connaissent pas du tout la vie de Marie Stuart, et d’autres, importants, sont même éludés.
L’ambiance transmise dans ce film est tout de même intéressante, de même que certaines idées, notamment celle de faire discuter Marie avec son ami assassiné, Riccio. Quelques scènes m’ont beaucoup plu, mais j’ai trouvé l’ensemble trop fade. Dernière petite remarque, ne soyez pas étonnés que l’actrice alterne entre le français et l’anglais, c’est normal puisque Marie Stuart a été élevée en France et parlait donc couramment cette langue. Elle écrira d’ailleurs des lettres et des poèmes en français tout au long de sa vie.
J’ai envie de dire : What a review !!!
Tu me donnes encore plus envie de me plonger dans cette biographie, surtout que je viens de passer par mille états durant ma lecture de Vingt quatre heures de la vie d’une femme ! Et en effet, il y a l’air d’avoir des points communs entre ces deux personnes. Finalement, je me rends compte que je ne connais rien de Marie Stuart et qu’il faut que je rattrape ça. La non fiction devrait me faire du bien, également !
J’hésite à me plonger dans Les Fiancés de l’Hiver, ma soeur, elle, a sauté le pas et ne m’en fait que des éloges, mais je n’y arrive pas … Va savoir pourquoi !
What a comment ! Merci :).
Je ne connaissais pas grand chose de Marie Stuart non plus finalement, mais c’est plutôt normal puisqu’au final on peut considérer que son histoire n’a pas eu de réel impact sur la France, quoique… C’était la première fois qu’on menait ainsi une reine devant un tribunal (ce qui était inimaginable à l’époque puisque le sang royal était sacré) et Zweig amène l’idée que ça a pu faciliter moralement le projet de juger Louis XVI et Marie Antoinette et de les exécuter, ce n’est pas rien tout de même !
Pour l’instant j’ai à peine entamé Les Fiancés de l’Hiver mais l’ambiance me plaît plutôt bien, peut-être que tu seras plus tentée lorsque l’hiver arrivera justement :p
C’est une période historique qui m’intéresse beaucoup et un auteur que j’aime beaucoup donc il faut que je le lise ^^
Si tu combines ton amour de Stefan Zweig avec celui de l’époque, ça ne peut que te combler !
le sujet m’a l’air intéressant, je me le note 😉