Publié en 2016 aux éditions Les Presses de la Cité
À seize ans, Tessa est retrouvée agonisante sur un tas d’ossements humains et au côté d’un cadavre, dans une fosse jonchée de milliers de marguerites jaunes aux yeux noirs. Partiellement amnésique, seule survivante des » Marguerite « , surnom que les journalistes ont donné aux victimes du tueur en série, elle a contribué, en témoignant, à envoyer un homme dans le couloir de la mort. Terrell Darcy Goodwin, afro-américain, le coupable parfait pour la juridiction texane. Presque vingt ans ont passé. Aujourd’hui, Tessa est une artiste et mère célibataire épanouie. Si elle entend parfois des voix celles des Marguerite qui n’ont pas eu la même chance qu’elle, elle est toutefois parvenue à retrouver une vie à peu près normale et à échapper à la curiosité malsaine de la presse. Alors, le jour où elle découvre un parterre de marguerites jaunes aux yeux noirs planté devant sa fenêtre, le doute l’assaille… Son « monstre » serait-il toujours en cavale ? La narguerait-il ?
Comme vous pouvez le constater, la quatrième de couverture de ce roman semble annoncer du sombre, du très sombre… mais ne vous laissez pas intimider, car j’y ai survécu sans peine. L’horreur n’est bien souvent que sous-entendue et l’auteure ne nous en inflige pas trop non plus. C’est sans doute grâce à sa narration que le roman parvient à parler d’événements terribles sans donner la nausée, puisque Julia Heaberlin a choisi d’alterner entre passé et présent, préférant nous montrer la reconstruction plutôt que l’anéantissement de Tessie.
Le passé de Tessa nous présente cette ado tout juste ressortie d’une tombe sauvage où elle a failli mourir, peinant à accorder sa confiance à un psychiatre et à tout dévoiler sur son expérience cauchemardesque. Elle se réfugie souvent auprès de sa meilleure amie à la personnalité particulière, Lydia. Malgré toute la difficulté qu’elle subit pour trouver à nouveau un certain équilibre, Tessa s’en sort plutôt bien et devient, dans le présent, une mère célibataire sans histoires, jusqu’à ce que l’angoisse revienne pointer le bout de son nez quand elle retrouve la signature de son agresseur dans son jardin. C’est justement à ce moment là que des enquêteurs persuadés que le véritable coupable n’a pas été arrêté déboulent dans sa vie. Tessa décide donc d’accepter de les aider, ne croyant plus vraiment elle-même à son témoignage d’ado traumatisée, manipulée et quasiment amnésique.
La construction du roman, sans être novatrice, est pour le moins efficace. Bien que le rythme soit assez lent, le suspense est là et j’ai eu envie de connaître le fin mot de l’histoire. L’auteure n’abuse pas de retournements de situation pour nous accrocher à ses pages. Cependant, comme dans bon nombre de thrillers, je n’ai pas ressenti la révélation finale comme une surprise, mais je ne pourrai pas en parler plus en détails ici sans risquer de trop en dévoiler sur l’intrigue.
C’est tout l’aspect psychologique de traumatisme et de reconstruction qui m’a attirée dans ce roman. J’ai rarement lu des thrillers traitant véritablement de « l’après » pour une victime qui a survécu au pire, et l’auteure a assez bien mené sa barque sur ce thème mais elle n’y est pas allée en profondeur. Je n’ai pas toujours compris les intentions de Tessa, j’ai souvent eu du mal à interpréter ses réactions. Certains sujets ne sont malheureusement qu’effleurés et des questions sont laissées sans véritables réponses à la fin du roman. J’aurais aimé avoir plus de détails, plus de notions psychologiques, j’aurais aimé en savoir davantage sur le parcours de Tessa vers la guérison, même si elle était destinée à ne rester que partielle.
J’ai apprécié le fait que l’auteure aborde les sujets de la peine de mort et du racisme de la justice. Les enquêteurs mis en scène par l’auteur sont des acharnés prêts à tout pour faire libérer des innocents piégés dans le couloir de la mort. La justice ne peut pas atteindre l’idéal et se délester complètement des erreurs, des préjugés et de la corruption, la peine de mort reste une fausse solution au-delà même du problème moral qu’elle pose. Là encore, l’idée n’est pas approfondie mais elle fait son chemin au fil du roman et permet à chacun de s’interroger.
Ainsi fleurit le mal a donc été une lecture agréable sans en devenir marquante malgré l’évocation de sujets qui auraient pu m’intéresser s’ils avaient été mieux développés. Je remercie les éditions Les Presses de la Cité et le site NetGalley qui m’ont permis de découvrir ce livre avec un peu d’avance !
Il me tente beaucoup celui-ci, même si tu en ressors un peu mitigé, je le garde dans un coin de ma tête ! 😀
Disons que malgré les points faibles ça reste un thriller plutôt bien mené donc tu peux te laisser tenter, apparemment il a beaucoup plu à d’autres. En ce qui concerne le thriller je peux être assez sévère ^^.