Publié en 2015 aux éditions Simon & Schuster UK – Lu en VO

Quand Beck entre dans la librairie de Joe, il tombe instantanément sous son charme. Mais Joe n’est pas un simple admirateur, il est obsédé par la jeune fille au point de la traquer, suivre son compte Twitter puis accéder à ses emails après avoir volé son portable pour tenter de la séduire…

J’avais repéré ce livre depuis un moment dans sa version française, mais c’est à Londres que j’ai craqué sans le reconnaître. Je ne sais pas pourquoi je suis attirée par ce genre d’histoire ce moment, je dois avoir quelque chose qui s’est détraqué avec la chaleur.

Le style est particulier et malsain, le narrateur, Joe, s’adresse directement à sa victime, d’où le titre « You » en anglais. Oui je sais, quel formidable sens de la déduction, merci. On entre réellement dans un esprit malade et torturé, qui en vient à des extrêmes pour assouvir son besoin d’être auprès de Beck. Mais le premier problème d’un esprit malade est son rejet de l’idée même qu’il y a quelque chose qui cloche chez lui, et Joe ne réalise pas qu’il a un comportement inquiétant : pour lui, tout est normal, et Beck le désire plus que tout au monde, elle cache juste ses sentiments.

Le rythme de ce roman est extrêmement lent avec relativement peu de rebondissements, vous n’allez probablement pas sursauter si vous le lisez, il n’y a jamais de surprise vraiment immense. Ça m’est arrivé de totalement sortir de l’histoire à cause de ces longs moments où rien ne se passait, même si je tenais quand même à connaître le fin mot de l’histoire.

Il est aussi intéressant de noter le fait que Joe étant libraire, beaucoup de titres sont évoqués pendant le récit, avec des remarques parfois assez drôles et plutôt réalistes concernant le rapport des gens aux livres. L’auteure a su donner une voix unique et inquiétante à ce personnage totalement tordu, parfois à travers les réactions qu’il a face à ses clients. Cette voix est par ailleurs assez crue et vulgaire, ce qui peut-être compréhensible quand on constate la mentalité de Joe, mais ça peut aussi être lassant à certains moments.

Je ne peux pas nier le fait que ce livre m’a offert un voyage dépaysant dans la tête d’un malade mental et m’a parfois vraiment accrochée. Peut-être que s’il avait été plus rythmé et que l’histoire avait été un peu plus habilement développée, il m’aurait vraiment plu, mais en l’état actuel, je lui trouve certaines faiblesses que je ne pouvais pas pardonner. Je pense que c’est un bon projet, assemblé trop maladroitement pour devenir un excellent livre.