Publié pour la première fois en 1929
Virginia Woolf est née en 1882 à Londres. Membre du groupe de Bloomsbury , elle a fréquenté les artistes, essayistes et romanciers de son époque. Elle était bisexuelle, et malgré son mariage avec l’écrivain Leonard Woolf, elle a eu une liaison avec une Vita Sackville-West durant plusieurs annnées. Victime de trouble bipolaire, Virginia se suicide en 1941 en se jetant dans une rivière, les poches remplies de pierres.
Une chambre à soi est un essai basé sur plusieurs conférences données par Woolf en 1928. Dans ce texte, Virginia Woolf s’intéresse à l’histoire des auteures dans la littérature et aux facteurs qui ont modifié leur manière d’écrire, quand elles y parvenaient.
Virginia Woolf commence par évoquer l’époque où les femmes n’écrivaient tout simplement pas, en imaginant que Shakespeare ait eu une sœur. Si cette sœur avait eu en elle le même génie que celui de William Shakespeare, elle n’aurait pas pu écrire ses pièces, ni même être actrice, en raison de ses conditions de vie en tant que femme.
Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l’homme deux fois plus grande que nature.
Puis vint une époque où les femmes se mirent à écrire, et où elles pouvaient même gagner de l’argent en le faisant. Elles se tournèrent vers le roman, délaissant le théâtre et la poésie pour s’offrir la liberté de forger ce genre encore jeune.
Mais tous les anciens genres littéraires s’étaient durcis et avaient pris une forme définie avant que la femme devînt écrivain. Seul le roman était assez jeune pour être malléable entre ses mains.
Mais, même pendant cette époque, écrire n’était pas le meilleur de choix pour une femme qui ne possédait toujours pas une pièce à elle où elle pourrait écrire sans être dérangée. Virginia Woolf constate qu’une certaine rancœur et une colère habitent la plupart des romans écrits par les femmes de l’époque, et quand ce n’est pas le cas, ce sont les plumes les plus remarquables qui l’écrivent et figurent encore aujourd’hui parmi les classiques dont chacun connaît au moins le titre.
Pour Jane Austen, il y avait quelque chose de peu honorable dans le fait d’écrire Orgueil et Préjugés. Et, me demandai-je, Orgueil et Préjugés aurait-il été un meilleur roman, si Jane Austen n’avait pas pensé qu’il était nécessaire de cacher son manuscrit aux visiteurs ? Pour mieux me rendre compte, je lus une ou deux pages du livre ; mais je n’y pus trouver aucune preuve du tort que lui auraient causé les conditions dans lesquelles se trouvaient Jane Austen.
Virginia Woolf s’égare ensuite dans une bibliothèque, parcourant des oeuvres écrites par ses contemporaines et constatant que les choses évoluent sans pour autant permettre à la soeur fictive de Shakespeare de se révéler. Pour cela, elle devra bénéficier d’une petite rente lui permettant d’écrire, et d’une chambre à elle.
Cette oeuvre est une étude plus qu’intéressant sur la place et l’histoire de la femme dans la littérature et plus largement, dans la société, surtout quand on ne connaît pas forcément le sujet avant d’entamer cette lecture. On ne peut qu’aimer Virginia Woolf après avoir lu ses mots, toujours écrits de cette plume agréable et entraînante malgré la profondeur du sujet.
C’est aussi un rappel important : le féminisme est nécessaire, plus particulièrement quand on se rend compte qu’aujourd’hui ce terme est considéré par certains, et même par certaines, comme une vulgarité. Oui, souvenez-vous de la phrase « I don’t need feminism because… [insérez une raison absurde ici] « , lancée il y a quelques temps par des femmes.
Prenez le temps de lire ce court essai (170 pages en format poche), pour votre culture, pour la plume de Virginia Woolf, pour être inspiré(e), pour vous souvenir, pour toujours vouloir faire évoluer les choses dans le bon sens.
Merci pour cet article, je pense que je le lirais, ça m’interpelle beaucoup 😉
Merci 🙂 J’espère que tu trouveras le temps de le lire, c’est vraiment un essentiel quand on s’intéresse à la littérature et au féminisme.
Je n’ai jamais lu Virginia Woolf, il faudra que je m’y mette un jour, et ses essais m’interpellent plus que ses romans pour l’instant. Une réflexion sur les femmes et l’écriture, ça ne peut que m’intéresser ! Je note 🙂
Que ce soit dans le roman que j’ai lu (Mrs Dalloway) ou dans cet essai, la plume est juste magnifique, donc tu l’apprécieras tout autant je pense :-).
Cet avis est HYPER intéressant, merci !! J’ai toujours été intriguée par ce livre, et ton avis fini de me convaincre. Je le pensais bien plus épais et ardu, mais il semble que je me sois trompée, et tant mieux !
Wah, merci :). Il est assez accessible dans l’argumentation et la réflexion, certains passages sont un peu plus romancés donc moins évidents, mais globalement c’est plutôt facile à lire. Comme quoi, parfois on se fait une montagne des grands auteurs et des essais alors que ce n’est pas forcément incompréhensible pour les lecteurs non-avertis.