Écrit en 1787, puis découvert par Guillaume Apollinaire en 1909 et publié en 1930
Justine est renvoyée du couvent à l’âge de 12 ans car elle devient orpheline. À Paris, elle cherche à mener sa vie de la façon la plus vertueuse possible. Son entêtement ne lui amènera que des malheurs, de plus en plus atroces, jusqu’à être accusée de diverses horreurs et condamnée à mort. C’est à ce moment de sa vie que nous la rencontrons, lorsqu’elle raconte son histoire à une femme désolée de voir la situation dans laquelle se trouve la jeune fille.
Ce roman n’a pas été publié du vivant de Sade, mais il est l’ébauche de Justine ou les Malheurs de la Vertu, publié en 1791, et de La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la Vertu, publié quant à lui en 1799. Il paraîtrait que dans les versions ultérieures, les malheurs de Justine sont amplifiés et plus explicites. En ce qui me concerne, les faits racontés dans cette version me suffisent LARGEMENT.
Tout le monde « connaît » le Marquis de Sade, mais j’ai l’impression qu’un peu moins de personnes l’ont lu. Je ne regrette pas d’avoir eu à étudier Les Liaisons Dangereuses au lycée (pour le thème du libertinage), et non pas cette oeuvre, car je comprends parfaitement qu’elle ne soit pas adaptée à un jeune public.
Ce roman se présente davantage sous la forme d’un conte philosophique que sous celle d’un roman à proprement parler. Justine évolue d’aventure en aventure, elle constate vite que la vertu n’apporte rien d’autre que la misère et le malheur dans la société où elle évolue, mais continue à croire que son combat la mènera au bonheur.
Sade dénonce le Mal dans toutes les classes sociales et s’attaque même aux religieux, puisque lorsque Justine pense enfin trouver la paix dans une chapelle éloignée de toute civilisation, elle se retrouve séquestrée par des Pères libertins. Chaque fois qu’elle parvient à s’échapper d’un endroit, elle est à nouveau mise dans une situation inconfortable et pire que la précédente.
Malgré cela, la jeune fille reste toujours convaincue qu’elle sera un jour récompensée de tous ses sacrifices, elle est à la fois agaçante et attachante, dit les pires choses avec de jolis mots, et parvient à discuter avec les hommes qui la maltraitent, chacun ayant une argumentation toute faite pour justifier ses actes. On se retrouve vite déstabilisés à la vue des arguments énoncés par les tyrans, parce qu’ils sont immoraux, mais pas absurdes. Chacun se convainc comme il peut qu’il n’a pas d’autre choix que d’être un monstre pour survivre, tandis que Justine souffre en n’abandonnant jamais ses principes.
Au-delà de toutes les horreurs qui sont contées dans ce livre, des réflexions sont amenées, et des messages forts sont véhiculés. Je ne sais pas s’il était nécessaire d’aller si loin dans la bassesse de l’Homme pour faire vivre ce conte malsain, mais j’ai été emportée et fascinée malgré moi.
C’est clairement un livre au cours duquel j’aurai aimé être accompagnée par un professeur ou une personne plus cultivée que je ne le suis pour interpréter correctement tout ce qui s’y passe. J’ai dû me contenter de glaner des informations sur internet pour parvenir à donner plus de sens à ce que je lisais. Si vous avez des analyses plus poussées à me transmettre, je serai curieuse de les lire.
Sade avec Maupassant et Céline sont mes auteurs de référence. Les infortunes de la vertu est le livre de Sade le plus « soft », il a écrit des horreurs mais toujours dans une langue magnifique. Cependant n’oubliez pas qu’il écrivit aussi « Français encore un effort pour être républicain ».
Saviez-vous que mon premier livre ÉTRANGES NOUVELLES vient de ressortir chez MON PETIT ÉDITEUR ?
C’est un recueil de 24 nouvelles, parfois drôles, étranges ou fantastiques dont, pour certaines, vous pourrez imaginer une fin. Disponible dans les bonnes et même mauvaises librairies… http://www.monpetitediteur.com/librairie/livre.php?isbn=9782342037937