Publié en 2014 aux éditions Gallimard
Né en 1924, Jacques Lusseyran perd la vue à huit ans, ce qui n’entrave ni son développement intellectuel ni son courage. Durant l’Occupation, alors qu’il n’a que dix-sept ans, il dirige un mouvement de résistance dans son lycée, Louis-le-Grand, avant de rejoindre l’organisation Défense de la France. Arrêté en 1943, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald, Jacques ressort miraculeusement vivant après deux ans de cauchemar. Il meurt dans un accident de voiture à quarante-sept ans, oublié des Français autant qu’il est honoré des Américains qui le surnomment «The Blind Hero of the French Resistance».
« S’exercer à fermer les yeux est aussi important qu’apprendre à les ouvrir.»
Autant l’admettre directement, comme beaucoup d’entre vous, je ne connaissais absolument pas cet homme avant d’acquérir ce livre sans hésitation à la librairie. Il a beaucoup (trop) traîné dans ma PAL et je suis ravie de m’être enfin décidée à me lancer.
Le parcours de Jacques Lusseyran et sa philosophie en font un homme remarquable. Suite à son accident, il déclare ne pas avoir de regrets. Sa cécité lui a révélé une lumière intérieure, plus forte et plus importante que celle de l’extérieur : « Je ne vous ai pas dit que j’avais vos yeux. J’ai dit que j’en avais d’autres. ». Travailleur, idéaliste et optimiste, les mots « non-voyant » ou « handicapé » ne sauraient décrire cet homme correctement tant il a su (paradoxalement) aller au-delà de cette simple caractéristique tout en l’intégrant complètement à sa façon de penser. Il se considère chanceux d’être aveugle, cet accident lui a donné une autre vue, plus pénétrante et plus juste que celle que lui offrait ses yeux.
Jérôme Garcin parvient à raconter la vie de Jacques sans nous ennuyer à un seul instant. Il faut bien admettre qu’il y a de la matière dans ce parcours riche de toutes les émotions, de l’euphorie à la dépression en passant par l’amour : mais jamais de haine. Jacques offre son amitié même à celui qui vole son maigre bout de pain en camp de concentration, l’aveugle sait voir mieux que les autres prisonniers et reconnaît en ce profiteur une âme d’une grande bonté cachée derrière une fausse violence. Ce passage est presque anecdotique dans le livre mais c’est l’un de ceux qui m’a le plus marquée et qui révèle le mieux la personnalité de Jacques. Définitivement poussé par l’envie de partager, il passera le reste de sa vie à enseigner quand il n’est pas en train d’écrire.
J’ai apprécié le travail de Jérôme Garcin et sa passion pour son sujet, même si j’ai parfois trouvé le style un peu pompeux ou fermé. Le récit se lit malgré tout très bien, l’écriture est à la fois simple et belle et c’est un hommage mérité que Jacques Lusseyran reçoit enfin.
Il me semble qu’une référence à cet homme est faite dans » Toute la lumière que nous ne pouvons voir » magnifique livre !
Merci pour cette chronique.
Je note ! Merci pour le conseil 🙂
Belle chronique ! Et qui donne vraiment envie. C’est le genre de personnage que je trouve vraiment touchant et dont j’aime connaître l’histoire. J’attendrai patiemment sa sortie en poche en revanche…
A très bientôt 🙂
Tu fais bien d’attendre, le broché est quand même cher par rapport au temps de lecture (même si c’est souvent comme ça dans ce genre d’édition). Si ce genre de portrait te touche habituellement tu devrais être conquise 🙂