Publié en 2016 aux éditions Albin Michel
Edouard Saxberger, un vieux fonctionnaire confit dans une vie de routine, trouve un soir en rentrant chez lui un jeune homme qui l’attend. Il se dit poète et prétend avoir déniché un vieux livre écrit par Saxberger des décennies auparavant. Il brûlait d’envie de faire la connaissance de celui qu’il considère comme un Maître.
Saxberger, qui a presque oublié qu’il a un peu écrit dans sa lointaine jeunesse, est surpris, puis amusé. Et même flatté quand le jeune homme l’invite à le rejoindre un soir dans un des Kaffeehäuser de Vienne où se réunissent régulièrement ses amis, un cercle de jeunes poètes qui porte le joli nom de Begeisterung (Enthousiasme). Le vieux monsieur est accueilli avec respect et admiration et ne peut bientôt plus se passer de cette ambiance. À ses risques et périls. (résumé éditeur)
« L’allégresse de ces jeunes gens lui apparaissait comme l’accomplissement différé de maintes espérances dont il avait fiévreusement attendu la réalisation plusieurs décennies auparavant et qui s’étaient peu à peu diluées dans la grisaille de sa vie quotidienne. »
Dans ce court roman, cette presque nouvelle, Arthur Schnitzler nous présente un vieil auteur, Saxberger, soudain considéré comme un génie par un groupe de jeunes écrivains avides de reconnaissance. Entraîné par l’enthousiasme de cette bande, il essaie à nouveau d’écrire, convaincu cette fois-ci de son talent. Fini, les soirées au bistrot avec des incultes et les moments de solitude. Seulement, rien n’est plus pareil pour ce vieil homme devenu bureaucrate, même les lieux qui tendaient à l’inspirer ont changé et sont devenus stériles pour son imagination. Saxberger prend plaisir à se trouver au centre de l’attention de ces jeunes lettrés intellectuels un peu snobs et se contente de cela.
Les jeunes hommes du cercle littéraire comptent organiser une représentation au cours de laquelle Saxberger espère enfin connaître la gloire, sa propre gloire. Il réalise vite que chacun des écrivains en herbe en est au même niveau, et que si l’exaltation est née du groupe, chacun se bat pour sa propre image du fond de son égocentrisme. La chute est rude et les réels visages se dévoilent.
C’est un ouvrage qui amène à une réflexion intéressante surtout à l’époque où chacun peut publier son livre assez facilement, où chacun peut aspirer à la gloire. Les émotions transmises sont celles d’un vieil homme et pourtant, on a déjà l’impression de les connaître : les regrets, le gâchis, l’égocentrisme, la peur. L’écriture, bien que travaillée et agréable, ne m’a pas transportée, je n’ai pas ressenti de vives émotions à la lecture de l’oeuvre, ce que je regrette un peu sachant que c’est un thème qui aurait pu me toucher. Cet aspect n’a pourtant pas empêchée d’apprécier ma lecture pour les sujets de réflexion qu’elle apportait. J’ai aussi beaucoup aimé la présence d’une postface qui propose une analyse très intéressante et qui permet de mieux comprendre le roman.
Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour m’avoir permis de découvrir ce livre.
J’avais adoré son roman flux de conscience, « Mademoiselle Else », dont la couverture du Livre de Poche est superbe d’ailleurs. Je l’avais étudié à la Fac, ça aide. En revanche je n’avais jamais vu d’autres de ses romans…
Heureusement qu’on te l’a offert ^^.
C’était ma première découverte de l’auteur, et je suis intriguée par le résumé de Mademoiselle Else du coup… je pense davantage l’apprécier avec cette nouvelle là (enfin, je l’ai quand même bien aimé dans Gloire Tardive !).
Le sujet me tente beaucoup à l’heure où comme tu dis beaucoup publie leur oeuvre, le sujet de l’inspiration et du succès est intéressant =)
Oui ça donne une réflexion toujours en lien avec le monde actuel, et le sujet de l’inspiration artistique est intemporel de toute façon, c’est ce que j’ai apprécié :).